Comprendre la permaculture et l’appliquer dans votre exploitation pour un avenir plus durable

26 avril 2025

Qu’est-ce que la permaculture ?

La permaculture, contraction de "permanent" et "culture", est un système de design global visant à concevoir des environnements durables, équilibrés et autosuffisants. Née dans les années 1970 grâce aux travaux de Bill Mollison et David Holmgren en Australie, elle s’inspire des écosystèmes naturels pour créer des systèmes agricoles productifs, tout en minimisant l’impact négatif sur la nature.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la permaculture ne se limite pas à l’agriculture. Elle s’applique aussi à d’autres domaines tels que l’architecture, les systèmes énergétiques ou encore la gestion de l’eau. Cependant, dans le cadre de cet article, nous allons nous concentrer sur son application aux exploitations agricoles.

Un principe clé de la permaculture est de travailler AVEC la nature et non contre elle. L’idée est de tirer parti des interactions naturelles des plantes, des animaux, des sols et de l’eau afin de créer un système harmonieux et productif. Une citation qui revient souvent dans les cercles permacoles est : « Le problème est la solution ». Cela reflète bien l’état d’esprit de la discipline : un "problème" peut devenir une opportunité, à condition de le regarder différemment.

Les trois piliers éthiques de la permaculture

La permaculture repose sur trois grands principes éthiques qui orientent toutes les actions :

  • Prendre soin de la Terre : préserver les écosystèmes et les ressources naturelles pour qu’ils continuent à soutenir la vie.
  • Prendre soin des humains : répondre aux besoins fondamentaux – alimentation, logement, santé – de manière respectueuse et inclusive.
  • Partager équitablement : redistribuer les excédents et limiter la consommation inutile pour assurer un équilibre global.

Ces principes éthiques servent de boussole dans toutes les étapes de mise en place d’un projet permaculturel.

Comprendre les principes de conception de la permaculture

Bill Mollison et David Holmgren ont identifié plusieurs principes qui guident la conception en permaculture. Voici quelques-uns des plus essentiels appliqués à l’agriculture :

  • Observer et interagir : avant de modifier quoi que ce soit sur votre terrain, prenez le temps d’observer son fonctionnement naturel : les sols, les vents, l’ensoleillement, la pluie. Comprendre votre environnement est essentiel pour agir intelligemment.
  • Capturer et stocker l’énergie : que ce soit sous forme d’eau de pluie, de lumière solaire ou de matière organique, trouvez des moyens de collecter et de conserver ces ressources pour les périodes de besoin.
  • Favoriser la diversité : les monocultures sont fragiles face aux aléas. Multiplier les espèces végétales et animales augmente la résilience et la productivité.
  • Utiliser et valoriser les ressources locales : privilégiez ce qui est déjà disponible sur votre terrain ou dans votre région afin de réduire les intrants extérieurs.
  • Produire sans gaspiller : chaque élément doit avoir plusieurs fonctions. Par exemple, une haie peut non seulement protéger du vent mais aussi servir de refuge à la biodiversité ou produire des baies comestibles.

Les applications concrètes de la permaculture dans les exploitations agricoles

Maintenant que les fondations théoriques sont posées, voyons comment appliquer la permaculture à votre exploitation. Pour cela, voici quelques pistes concrètes :

1. Utiliser des cultures associées

Dans la nature, les plantes vivent rarement en monoculture. Elles coexistent dans des systèmes complexes où chaque espèce joue un rôle. En permaculture, on parle d’associations de cultures. Par exemple :

  • Les trois sœurs : une association traditionnelle amérindienne qui combine le maïs, les haricots grimpants et les courges. Le maïs sert de tuteur aux haricots, qui fixent l’azote dans le sol, pendant que les courges couvrent le sol et limitent l’évaporation.
  • Le compagnonnage : planter des espèces complémentaires pour qu’elles se protègent mutuellement. Par exemple, les œillets d’Inde repoussent les nuisibles lorsqu’ils sont plantés à côté des tomates.

2. Intégrer des animaux

Les animaux jouent un rôle crucial dans les systèmes permaculturels. Les poules, par exemple, peuvent détruire les larves nuisibles tout en fertilisant vos sols. Les moutons ou chèvres, quant à eux, sont idéaux pour le débroussaillage dans les zones difficiles d’accès.

Idée pratique : laissez vos poules se déplacer dans une parcelle après la récolte pour qu’elles nettoient les résidus tout en enrichissant le sol en nutriments naturels.

3. Recycler les déchets agricoles

En permaculture, rien ne se perd. Le compost est un excellent exemple de cette philosophie. Transformez vos déchets organiques en un amendement précieux pour vos sols. Pensez également au lasagna gardening, une technique qui consiste à créer des couches alternées de matières carbonées (paille, feuilles mortes) et azotées (déchets verts, fumier) directement dans le sol pour enrichir et protéger votre terre.

4. Gérer l’eau avec soin

La gestion de l’eau est au cœur des préoccupations permaculturelles. Voici quelques pratiques que vous pourriez adopter :

  • Captage d’eau de pluie : récupérez l’eau qui tombe sur les toits pour irriguer vos cultures.
  • Création de mares : elles favorisent la biodiversité et servent de réservoirs d’eau en cas de sécheresse.
  • Aménagement de swales : ces terrasses perpendiculaires à la pente permettent de ralentir l’écoulement de l’eau et de l’infiltrer dans le sol.

5. Renforcer la biodiversité

La biodiversité est un des piliers de la permaculture. Pensez à introduire des bandes fleuries, des arbres fruitiers, des haies ou encore des plantes mellifères pour attirer les pollinisateurs. Plus votre écosystème est riche, plus il sera résilient face aux aléas climatiques et sanitaires.

Quels bénéfices pour votre exploitation ?

Appliquer les principes de permaculture dans votre exploitation offre de nombreux avantages :

  • Davantage de résilience : des systèmes diversifiés et bien conçus résistent mieux aux chocs climatiques ou économiques.
  • Une réduction des coûts : en tirant parti des ressources locales et en diminuant les intrants chimiques, vous économisez sur les frais de production.
  • Une meilleure qualité des sols : la permaculture favorise la vie microbienne et enrichit les sols sur le long terme.
  • Un impact environnemental positif : vous contribuez à la préservation des écosystèmes, tout en répondant aux attentes croissantes des consommateurs pour des produits "propres".

La permaculture : un chemin à construire

Passer à la permaculture demande du temps, de la réflexion et parfois quelques ajustements. C’est un cheminement progressif, où chaque pas est une victoire pour la durabilité. Que vous soyez au début de cette aventure ou que vous ayez déjà mis en place certaines pratiques, rappelez-vous qu’il n’existe pas de solution unique : la permaculture, par essence, s’adapte à chaque environnement.

En fin de compte, ce système nous invite à repenser notre lien avec la Terre et à accueillir une agriculture plus harmonieuse. Alors, prêt(e) à transformer votre exploitation en un véritable écosystème vivant ?

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