Pourquoi les couverts végétaux sont essentiels à la santé de nos sols agricoles

4 mai 2025

Quels sont les couverts végétaux et pourquoi les choisir ?

Avant d’aborder leurs avantages pour les sols, faisons un bref détour pour comprendre ce qu’on appelle "couverts végétaux" : ce sont des plantes semées dans les parcelles, souvent entre deux cultures principales ou en inter-rang dans les systèmes pérennes comme la vigne. Ils ne sont pas destinés à être récoltés. Leur objectif ? Protéger et améliorer le sol.

  • Exemples fréquents : légumineuses (trèfle, féverole), graminées (seigle, orge) ou encore crucifères (moutarde, radis fourrager).
  • Adoptions croissantes : selon la FAO, la couverture végétale est aujourd'hui reconnue comme l'un des trois piliers de l'agriculture de conservation (avec le semis direct et la rotation des cultures).

Ce choix technique offre une réponse aux défis de l’érosion, du changement climatique, de la perte de fertilité des sols, tout en intégrant les principes de l’agroécologie.

Un bouclier naturel contre l'érosion

L’érosion, qu’elle soit causée par l’eau ou le vent, est l’un des grands ennemis des sols agricoles. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), plus de 75 milliards de tonnes de terre arable sont perdues chaque année dans le monde à cause de l’érosion.

Les couverts végétaux agissent comme une barrière physique qui protège le sol des intempéries :

  • Leur feuillage absorbe l'impact des gouttes de pluie, réduisant ainsi le phénomène de battance et le ruissellement.
  • Leurs racines stabilisent les particules du sol, le rendant moins vulnérable aux vents forts, surtout dans les régions exposées.

Un champ couvert est donc un champ protégé, capable de mieux résister aux caprices météorologiques tout en limitant la perte de matière organique précieuse.

Une solution pour améliorer la structure du sol

La structure du sol joue un rôle central dans son fonctionnement. Un sol bien structuré permet une meilleure circulation de l’eau, de l’air et un développement optimal des racines. Les couverts végétaux participent activement à cette amélioration.

Racines pivotantes ou fasciculées :

Les racines des plantes qui composent les couverts végétaux contribuent à modifier la structure :

  • Les racines pivotantes (comme celles du radis fourrager) permettent de fissurer les sols compacts, facilitant ainsi l’infiltration de l’eau.
  • Les racines fasciculées (présentes chez le seigle ou l’orge) favorisent la cohésion des agrégats et limitent la formation de croûtes de surface.

Ces effets combinés améliorent significativement la porosité du sol, un facteur clé pour maintenir de bonnes conditions de culture.

Une source naturelle de fertilité

Au fil des années, l’utilisation intensive des terres agricoles a entraîné une diminution des stocks de matière organique dans les sols, essentielle à leur fertilité. Les couverts végétaux apportent une réponse à ce problème grâce à leur rôle dans le cycle des nutriments.

Fixation de l’azote atmosphérique :

Les légumineuses ont la capacité exceptionnelle de fixer l’azote de l’air grâce à leur association avec des bactéries symbiotiques, comme Rhizobium. Cet apport d’azote favorise la culture suivante tout en réduisant les besoins en engrais azotés.

Aport de matière organique :

Lorsque les couverts sont détruits (par broyage, roulage ou gel), ils deviennent une source directe de matière organique. Cette dégradation enrichit le sol en humus, améliorant ainsi sa capacité à retenir l'eau et les nutriments.

En moyenne, l’intégration régulière de couverts végétaux peut accroître la teneur en matière organique d’un sol de 0,1 à 0,2 % par an, selon des études menées en agriculture de conservation.

Une aide précieuse dans la gestion des adventices

Les mauvaises herbes, ou adventices, représentent un défi majeur pour les agriculteurs. Les couverts végétaux proposent une solution à la fois naturelle et efficace :

  • Ils occupent l'espace physique et privent les adventices de lumière, limitant ainsi leur croissance.
  • Certaines espèces, comme la moutarde, libèrent des substances allélopathiques qui inhibent la germination des graines d’adventices.

En favorisant cette concurrence, les couverts réduisent ainsi le recours aux herbicides, un bénéfice non seulement économique, mais aussi environnemental.

Un allié face au réchauffement climatique

Les variations climatiques exacerbent les défis agricoles. Les couverts végétaux aident à y faire face, voire à atténuer les effets liés au réchauffement climatique grâce à plusieurs mécanismes :

  • Ils augmentent la capacité du sol à stocker du carbone (séquestration carbone), jouant ainsi un rôle direct dans la lutte contre l’effet de serre.
  • Ils améliorent la rétention en eau des sols, ce qui est particulièrement précieux lors des épisodes de sécheresse.

Selon un rapport de l’Institute of Soil Science en Allemagne, les sols couverts séquestrent en moyenne entre 0,3 et 0,7 tonne de carbone supplémentaire par hectare et par an, un atout conséquent dans le cadre de stratégies climatiques globales.

Vers une adoption systématique des couverts végétaux

Les couverts végétaux sont bien plus qu'une simple "technique agricole". Ils représentent un changement fondamental dans la manière dont nous percevons la gestion des sols : non plus comme un substrat passif, mais comme un écosystème vivant, riche et résilient. Adopter cette pratique, c’est investir dans un avenir agricole durable, voire productif.

Des incitations financières telles que les aides à l’agriculture de conservation ou les dispositifs agroenvironnementaux contribuent à l'essor de cette solution, qui séduit chaque année de plus en plus de producteurs. Il ne s’agit pas seulement de voir un champ vert pendant l’hiver, mais bien d’offrir à nos sols l’opportunité de respirer, de se régénérer et de prendre soin de la Terre qui nous nourrit.

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