Qu'est-ce qu'un intrant en agriculture et pourquoi joue-t-il un rôle essentiel ?

28 avril 2025

Qu’entend-on par “intrants agricoles” ?

Les intrants agricoles désignent l’ensemble des produits ou matériaux nécessaires pour produire dans les systèmes agricoles. Ce terme regroupe une large gamme d’éléments qui servent à améliorer ou à protéger les cultures ainsi que les sols. En d’autres termes, ce sont des "ingrédients" essentiels pour soutenir la croissance des plantes et, plus largement, pour maintenir la productivité des exploitations.

On distingue généralement trois grandes catégories d’intrants :

  • Les fertilisants : Ces produits, tels que les engrais (chimiques ou organiques), visent à enrichir les sols en nutriments essentiels comme l’azote, le phosphore ou le potassium. Ils favorisent la croissance des plantes et améliorent les rendements.
  • Les produits phytosanitaires : Ils regroupent les substances destinées à protéger les cultures des nuisibles (insectes, maladies, mauvaises herbes). C’est ici que l’on retrouve les pesticides, herbicides et fongicides.
  • Les semences et plants : Ce sont les fondations de toute culture, comprenant les graines (parfois traitées avec des produits de protection) et les plants pour les plantations maraîchères ou arboricoles.

En somme, les intrants sont ces "outils" dont disposent les agriculteurs pour maximiser la production et garantir une qualité optimale.

Pourquoi les intrants sont-ils si importants en agriculture ?

Si l’utilisation d’intrants est aujourd’hui incontournable dans la majorité des systèmes agricoles, c’est parce qu’ils jouent un rôle clé à plusieurs niveaux :

1. Garantir des rendements suffisants

Avec une population mondiale qui ne cesse d’augmenter – estimée à 9,7 milliards d’individus d’ici 2050 (selon les Nations unies) – la pression sur les systèmes alimentaires est énorme. Les intrants, comme les engrais, contribuent à augmenter les rendements. Par exemple, une étude de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) démontre que près de 50 % de la productivité agricole mondiale est directement liée à l’utilisation d’intrants chimiques comme les fertilisants.

2. Lutter contre les aléas climatiques et les menaces biologiques

Les agriculteurs font face à des défis croissants liés au changement climatique, comme les sécheresses, gelées précoces ou maladies émergentes. Les produits phytosanitaires permettent de préserver les cultures face à ces menaces. Par exemple, dans les régions viticoles, un simple traitement fongicide peut sauver une récolte menacée par le mildiou, une maladie fongique destructrice et endémique.

3. Maintenir la fertilité et la structure des sols

Certains intrants, comme les amendements calcaires ou organiques, jouent un rôle crucial pour préserver la santé des sols, élément fondamental de toute agriculture pérenne. Un sol fertilisé et équilibré offre un meilleur potentiel agricole et résiste mieux à l’érosion ou à la dégradation.

Les limites et les impacts des intrants conventionnels

Malgré leur utilité indéniable, les intrants sont aussi responsables de plusieurs problématiques environnementales et sanitaires. Il est essentiel de comprendre ces impacts pour dépasser les modèles actuels.

1. Pollution des sols et des eaux

Les fertilisants chimiques, lorsqu’ils sont appliqués en excès, peuvent entraîner un phénomène de lessivage, où les nutriments, notamment les nitrates, migrent dans les nappes phréatiques. Cela contribue à l’eutrophisation des cours d’eau, un phénomène qui appauvrit les écosystèmes aquatiques. Un rapport de l’Agence européenne pour l’environnement (2020) estime que 38 % des eaux souterraines européennes dépassent les seuils de concentration en nitrates recommandés par l’Union européenne.

2. Résistance aux pesticides

Une utilisation massive et répétée de produits phytosanitaires induit une adaptation des organismes nuisibles, rendant les traitements de moins en moins efficaces. Ce cercle vicieux pousse à augmenter les doses, exacerbant les impacts environnementaux.

3. Impacts sur la biodiversité

Les pesticides contribuent directement au déclin d’espèces essentielles comme les abeilles, qui jouent un rôle majeur dans la pollinisation. En 2019, l’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) a révélé que plus de 40 % des pollinisateurs invertébrés, dont les abeilles, sont menacés d’extinction à l’échelle mondiale.

Des alternatives pour des intrants plus durables

Face à ces défis, une réinvention des intrants est en cours. De nombreuses solutions innovantes et naturelles se développent, s’inscrivant dans une logique d’agriculture respectueuse de l’environnement.

1. Utilisation des engrais d’origine organique

Les composts, lisiers ou encore les lombricomposts enrichissent les sols tout en limitant les risques de pollution. Ces alternatives permettent aussi de recycler localement des déchets agricoles ou urbains.

2. Biocontrôle : protéger sans nuire

Le biocontrôle s’appuie sur les mécanismes naturels pour protéger les cultures. Par exemple, les cultures peuvent être protégées des ravageurs par des prédateurs naturels (comme les coccinelles contre les pucerons) ou par des substances d’origine végétale. En France, ce marché progresse rapidement, avec une croissance annuelle de 10 à 15 % selon les données du ministère de l’Agriculture.

3. Retour aux pratiques culturales durables

Les techniques repensant l’agronomie, comme la rotation des cultures ou l’agroforesterie, permettent de réduire la dépendance aux intrants. Elles reposent sur des approches globales visant à optimiser les interactions naturelles plutôt qu’à corriger les besoins par des apports massifs.

Vers une agriculture nouvelle : réfléchir à l’usage des intrants

Les intrants agricoles occupent une place centrale dans les systèmes de production. S’ils ont permis des avancées spectaculaires en matière de rendements, il est désormais urgent de repenser leurs usages pour construire une agriculture plus sobre et durable. Cela passe par une meilleure gestion des doses, une diversification des pratiques et une transition vers des solutions reposant davantage sur les ressources naturelles.

Ce changement ne se fera pas du jour au lendemain, mais de nombreuses initiatives, petites ou grandes, fleurissent pour démontrer qu’une alternative est possible. En valorisant les sols, la biodiversité et les savoirs locaux, nous pourrons imaginer une agriculture qui décrypte intelligemment les besoins comme un système, avec des intrants adaptés, mesurés et respectueux.

Et vous, pensez-vous que les intrants de demain seront entièrement naturels ? Partagez vos expériences ou vos réflexions en commentaires !

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